Le cœur en or (4 min 39 s)

Il était une fois une jeune fille, qui vivait dans une maison sale et délabrée, à l’orée d’un bois.

Tous les jours elle devait endurer les reproches de sa mère, qui lui demandait d’accomplir les tâches les plus ingrates, afin de subvenir à leurs besoins.

Une nuit, épuisée après une journée de dur labeur, elle fit le vœu que quelqu’un leur vienne en aide afin que sa mère, soulagée du fardeau de la pauvreté, devienne aimante et attentionnée.

Le lendemain matin, on frappa à la porte. La jeune fille s’empressa d’aller ouvrir, et se retrouva nez à nez avec une petite dame qui se présenta comme une fée des bois.

Celle-ci lui tendit un pendentif en forme de cœur et lui dit :

Mon enfant, voici un cœur en or, tant que tu seras bonne et généreuse, il comblera tous tes désirs.

Puis la petite dame disparus dans la forêt. La jeune fille, folle de joie, couru raconter à sa mère sa rencontre avec la fée.

Maman, maman ! Tous nos ennuies sont terminés ! Dit-elle en lui montrant le cœur en or.

Mais, plutôt que de prendre sa fille dans ses bras, la mère lui arracha le précieux bijou qu’elle passa autour de son cou, alla fermer tous les volets de la maison et boucla la porte d’entrée à double tour.

Puis, à l’abri des regards, les yeux remplis de convoitise, elle dit :

cœur en or, donne-moi un collier de diamant…

Un collier de mille diamants apparu alors, projetant sur les murs mille couleurs.

La femme abasourdie par ce prodige demanda :

Cœur en or, habille-moi comme une reine.

A peine eu t’elle finit de prononcer ces mots, que ses guenilles se transformaient en la plus belle robe de soie qu’on ait jamais vue, cousue de fil d’or et brodé de pierre précieuse.

Cœur en or, continua t’elle excitée, change ma maison en palais !

Alors, les murs lézardés se couvrirent de marbre étincelant, les meubles usés se changèrent en chaise table et armoire de bois rares, et la où quelque instant plus tôt il n’y avait que terre et poussière, des tapis finement ornés vinrent remplacer le sol.

Cœur en or, donne-moi à manger tonna la femme, et la table de la salle à manger fut couverte de plat croulant de victuaille.

La femme se jeta sur la nourriture et se mis à dévorer tous ce qu’elle pouvait. Sa fille, qui regardait la scène un peu effrayée, s’avança timidement vers la table et voulu prendre un grain de raisin qui pendait d’un immense plateau recouvert de fruit.

La mère, la bouche débordant de nourriture, lui sauta dessus en criant :

Ne touche pas à ce raisin, il est à moi !

Puis elle la repoussa sans égard, et continua à se remplir de tous ce qui était à sa portée.

Tout en se gavant, elle ordonnait au cœur en or :

Je veux un diadème, j’exige des souliers de satin, donne-moi des couverts d’argent, des vases de porcelaine, un lustre en cristal…

Ces souhaits ne semblaient devoir jamais s’arrêté, et sa fille, dont elle avait oublié l’existence, sanglotait dans un coin, pensant que sa mère était devenue folle.

Au bout d’une heure, quand la maison fut remplie des objets les plus chers, les plus précieux, et les plus rares qu’on eut pu désirer, la femme s’arrêta, et regarda autour d’elle, se demandant ce qu’elle pourrait bien encore vouloir.

Tout à sa réflexion, elle ne se rendit pas compte que la couleur du cœur en or était en train de pâlir, et, quand elle se baissa vers le pendentif, pour exiger une bague en rubis et un bracelet de nacre, elle constata que le cœur ne brillait plus. Il était devenu gris.

Elle renouvela son souhait en approchant le bijou, qui semblait désormais de plomb, de sa bouche :

Donne-moi une bague de rubis et un bracelet de nacre !

Mais rien n’apparut. Elle se mit alors à hurler :

Ma bague de Rubie et mon bracelet de nacre !

Mais les bijoux n’apparaissaient toujours pas. Pire, tous les objets qui encombraient la pièce semblait maintenant s’assombrir, perdant peu à peu de leurs couleurs chatoyantes, les tapis, les murs, les parures ternissaient à vue d’œil. La femme qui n’en croyait pas ses yeux se précipitait sur chacun de ses trésors pour constater, terrorisée, que l’un après l’autre, ils se transformaient en métal gris ! En seulement quelques minutes la maison ne fut plus remplie que de plomb. Folle de colère, elle arracha le pendentif de son cou, et le jeta sur sa fille :

Tout ça c’est de ta faute ! s’égosilla t’elle, je te chasse, ne revient plus jamais !

La jeune fille en pleures ramassa le collier, rassembla ses affaires, et quitta sa maison avec pour seul nourriture un quignon de pain, qu’elle récupéra dans la cuisine. Ne sachant où aller, elle prit le chemin s’enfonçant dans la forêt, espérant peut-être que la fée des bois viendrait à son secours.

***

Elle marchait depuis longtemps déjà, quand un homme vêtu modestement comme elle, vint à sa rencontre.

Belle jeune fille, dit-il, je suis pauvre, et voilà plusieurs jours que je n’ai pas mangés. Aurais-tu quelque nourriture à me donner ?

La jeune fille, d’abord un peu effrayé, fut rassurée lorsqu’elle détailla les traits de cet homme, qui sous sa crase laissaient deviner un visage jeune et plein de bonté. Elle lui donna donc son pain et lui dit :

Prenez donc mon pain, j’ai mangé hier, et je peux bien attendre demain.

Le visage du jeune homme s’éclaira alors d’un sourire, révélant des dents dont la blancheur tranchait singulièrement avec son accoutrement.

En plus d’être belle, tu es donc généreuse !

Tous en prononçant ces paroles, il se défit de son manteau, révélant sous les oripeaux, des habits du plus bel apparat.

Les jeunes filles que je rencontrais jusque alors, n’étaient attirait que par l’argent, dit-il. C’est pourquoi je décidais de parcourir mon royaume, vêtu pauvrement, afin de trouver une personne, parait des plus belles vertus, qui voudrait bien être ma femme.

La jeune fille, découvrant le vrai visage du prince, en tomba instantanément amoureuse, et celui-ci, victime du même enchantement, ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras, pour l’embrasser.

Au même moment, on entendit non loin de là, cachée dans les feuillages une petite fée prononcer une formule magique, et le pendentif, que la jeune fille portait autour du coup, se mis à briller de la couleur du soleil.

Depuis ce jour, la jeune fille devenue princesse, fait profiter tous les gens de son royaume, des bontés de son « cœur en or ».

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