Chapitre 11 – Entretien avec un vampire

Alors, Lola, que voudrais tu faire ?

Elle avait parlé si délicatement, ponctuant sa demande de son léger accent d’ailleurs, que j’en avais presque oublié mon plan.

Mon reflet et moi, on avait réfléchi tout l’après-midi (pendant l’ellipse), aux moyens de confondre Vampirela, sans finir exsangue comme un boudin blanc. De cette purée de neurones (excellente avec le boudin), j’en avais tirée un plan en quatre points que voic…

« Bzz, bzz, bzz, bzz »

Euh… mais pourquoi ma poche vibrait comme si une abeille avait trouvé du pollen à l’intérieur ? Sveta m’a regardé de ces yeux d’émeraude :

Je crois que tu as un message.

Un message ?

Oui, ton téléphone, dans ta poche.

Bon sang, je l’avais oublié celui-là, je n’étais pas encore habituée à me trimbaler avec un sans fil à la patte.

Ça doit être mon amie Mathilde, je vais lui répondre, il vaut mieux sinon les abeilles vont bourdonner toute la soirée. J’ai sorti le mobile de Jérémie, il y avait un texto :

« alor quest squi spass la ot? la soaré emo bas son pl1 ? »

« Mathilde STP, euh…s’il te plait, écrit normalement, on ne comprend rien » (je vous inclus dans le « on », ne me remerciez pas).

« Je demandais si la soirée hémoglobine se passait bien ? »

« Pour l’instant, j’ai encore mes quatre litres de sang »

« Tu me donne de tes nouvelles toutes les 15 minutes, Ok ? »

« T’inquiète, au moindre truc suspect, je vole jusqu’à ta fenêtre et je gratte avec mes griffes de chauve-souris 😊 »

Je me suis retournée vers Sveta.

Désolée, elle est aussi bavarde avec sa langue qu’avec ses doigts.

Ses yeux se sont agrandis, et sa bouche a subtilement dévoilé une partie de sa dentition parfaite.

Elle ne serait pas curieuse par hasard ton amie ? Peut-être qu’une photo lui ferait plaisir.

Non mais… c’était la première partie de mon plan (le premier bzz), faire une photo avec le flash pour voir sa réaction ! J’ai sauté sur l’occasion, comme un chien sur un os d’occasion (on n’a pas toujours le choix dans une vie de chien)

Super idée ! et je me suis mise à côté d’elle, le bras tendu comme une perche a selfie. La betite oizeau vat zortir !

Sveta a souri et murmuré :

Ça, ce n’est pas l’accent de Sibiu, si tu veux, je te l’apprendrai.

A cette évocation, mon sang s’est figé, mon doigt s’est crispé, et la lumière a englouti les ombres de la nuit.

***

Je regardais l’écran du téléphone en me demandant si j’avais vraiment entendu ce que vous aviez lu, parce que s’il devait y avoir un vampire dans cette pièce, j’étais pour l’instant la meilleure candidate. A l’écran, alors que le vert irréel de ses iris resplendissait, on ne voyait que mes paupières !

Dommage, a dit Sveta en se penchant sur mon épaule, tu veux qu’on la refasse ?

J’ai répondu un peu troublée :

Non, non ça ira très bien, et j’ai envoyé la photo par SMS.

Elle s’est avancée vers le canapé :

Eh bien, si nous discutions pour apprendre à nous connaître ? Qu’en penses-tu, Lola ?

Elle avait formulé sa question avec une telle douceur, que je n’ai pu qu’acquiescer.

Peut-être voudrais tu savoir d’où je viens ? Je suis sûr que mon accent t’intrigue, non ?

Ça aussi ça faisait partie de mon plan : l’amener subtilement à parler de ses origines, si maintenant c’est elle qui prenait son propre interrogatoire en main, je n’avais plus qu’à m’assoir, et écouter.

Elle a pris place à mes côtés, la tête droite comme si une couronne y été posée, le menton légèrement relevé.

Je suis née dans la ville de Codru en Moldavie, tu sais ou cela se trouve ?

Codru ? Moldavie, mais… je croyais que tu avais dit Sibiu ? (Vous aviez bien entendu Sibiu dans votre tête, non ?)

Un rire cristallin s’est échappé de ses lèvres pourpres.

Sibiu ? Oh Lola, si tu connais Sibiu, tu dois savoir que c’est en Roumanie, dans les Carpates là où vit… le comte Dracoula (elle l’a vraiment prononcé de cette manière). Elle s’est remise à rire. Tu sais, ta maman m’a dit que tu avais beaucoup d’imagination, est-ce que tu t’imagines que je suis un… vampire ?

Si elle devait me mordre, c’était le bon moment, car tout le sang que j’avais dans le corps était en train d’affluer dans mes joues.

Mais non ! Pas du tout ! C’est que… tu es si… étrangement… belle.

Son sourire a dévoilé ses dents parfaitement… humaines, j’avais tellement honte que j’aurais presque préféré voir apparaître des crocs.

A nouveau son rire mélodieux est venu tinter à mes oreilles.

Ne t’en fait pas, tu n’es pas la première à me prêter des origines transylvaniennes, en tout cas, merci pour le compliment, tu es très belle toi aussi tu sais ? Je suis sûr que des tas de garçon te l’on déjà dit, n’est-ce pas ?

Euh… pas vraiment en fait.

C’est moi ou tout ça devenait très gênant ? Heureusement, Mathilde est revenue butinée dans ma poche : « Bzz ».

Désolé, encore…

Sveta m’a adressé un sourire bienveillant et s’est levée.

Réponds à ton amie, pendant que je mets la table.

Et elle s’est éloignée avec la légèreté d’une bulle de savon allégé (c’est comme du savon mais en plus cher), en direction de la cuisine.

***

« Alors ? Depuis la photo plus de nouvelles. Combien de trou dans le cou ? »

Je tapotais aussi vite que mes doigts tremblants le permettaient :

« Aucuns, mais un gros dans notre plan, Sveta est moldave, et ça l’a bien fait rigoler que je puisse croire que c’était un vampire »

« Quoi ? Tu le lui as dit ? T’es Folle !»

« Oui, je suis folle… de l’avoir soupçonner, et pas la peine de lui dire quoi que ce soit, elle devine tout »

« C’est une preuve ! Ça fait partie des super-pouvoirs des vampires, non ?»

« Ouai, ça prouve surtout qu’on est des grosses nouilles et qu’il n’y a plus qu’à remballer nos crucifix »

« Fait quand même attention qu’elle ne vienne pas te sucer la sauce tomate, à tout 😉».

***

Je suis allée la rejoindre dans la cuisine, la lumière était en mode tamisée (un autre gadget de mon père, pour lorsqu’il mange en tête à tête romantique avec ma mère) et projetait sur les murs des ombres incertaines. La table était parfaitement dressée. Comme sur un échiquier, chaque pièce était à sa place, mon couteau faisait face à sa fourchette, les fourchettes : pointe vers le bas, les couteaux : tranchant vers l’intérieur, les assiettes : alignées au millimètre, et les serviettes : pliées en enveloppe (j’espère que vous avez pris des notes pour vos prochaines réceptions, ou au moins que vous avez fait une photo).

Woua, on ne plaisante pas avec le dressage de table en Moldavie !

Je suis issu d’une très vieille famille de l’aristocratie tu sais.

Alors, elle s’est mise à me parler de sa terre natale, et plus je l’écoutais, plus j’avais l’agréable sensation de remonter peu à peu dans le temps et d’être assise en face d’une personne d’un autre siècle. Sa voix s’enroulait en une écharpe tissée de mots autour de mes oreilles. Elle me racontait son arrivée en France pour poursuivre des études d’histoires de l’art, je l’imaginais descendant d’une hippomobile (une voiture tirée par de chevaux, ou des hippopotames sous d’autres latitudes, ou des hippocampes sous d’autres altitudes). Elle me décrivait son logement d’étudiante, je la voyais réviser dans une mansarde, seulement éclairé à la bougie (confectionnée à partir d’épluchure de babybel). Elle me parlait des petits boulots qu’elle effectuait pour payer ses études, et mon imagination s’envolait, accrochée au parapluie d’une Marie Poppins moldave.

Je buvais ses paroles, tout en mangeant mon repas, jusqu’à ce que…

Et si nous passions au dessert, tu veux de la glace, Lola ?

Sveta avait déjà le pot dans la main et s’apprêtait à en retirer le couvercle.

Oh oui, de la glace à … Non ! Surtout pas !

Mon exclamation a arrêté son geste.

Surtout pas ? Tu es sûre que tu n’en veux pas ? Vraiment ?

Oui vraiment, j’étais vraiment sûre de ne pas vouloir de cette glace… à l’ail !

***

« Bzzz… »

« Alors ? Ça a marché le coup de la glace à l’ail ? Elle est tombée comme une mouche assoiffée de sang ? »

« C’est les moustiques qui te siphonnent les veines, pas les mouches, et la glace est retournée bien au frais dans le congélo, tout comme cette idée stupide aurait dû rester bien au chaud dans ma tête !»

« Bein… moi je l’aimais bien, pour une fois que c’est pas moi qui avait une idée stupide 😊. Tu vas faire comment maintenant pour la démasquer ? »

« Je crois qu’il n’y a rien à démasquer, Sveta est la personne la plus innocente que je connaisse »

« Merci pour moi ! Laisse quand même traîner la boîte, on ne sait jamais 😉 »

Dire que j’avais passé une partie de l’après-midi à écraser de l’ail pour en verser le jus dans de la glace ramollie, à croire que c’est mon cerveau qui était ramollo. Je rangeais mon téléphone et m’apprêtais à m’excuser pour cette énième interruption.

Mais ? Comment avait-elle fait ? Sveta était toujours assise en face de moi, mais dans la cuisine, tout avait disparu !

Bon Ok, on avait pas basculé dans la quatrième dimension, les murs étaient toujours là, la table, les chaises et la lumière tamisée aussi, c’est juste que tout avait été rangé en un émoticône (celui du clin d’œil), et tellement bien que j’avais l’impression d’avoir déménagé !

Mais ? Comment… tu as…

Elle a tendu sa main vers moi et à délicatement posé son index sous mon menton tout en souriant :

Je suis un disciple de Mary Poppins, elle m’a gratifiée du plus beau clin d’œil que j’ai jamais vu (oubliez l’émoticône), puis elle a refermé ma mâchoire lentement, et je ne voudrais pas que tu avales une mouche… même si cette petite odeur d’ail devrait nous en protéger pas vrai ?

J’ai eu l’impression qu’un lutin malicieux (probablement celui qui en temps normal s’occupe de la lumière du réfrigérateur) venait de lancer une toupie sous mon crâne, car la tête a commencé à me tourner légèrement. Sans même s’en rendre compte, Sveta déjouait tous mes plans, elle semblait lire dans mon journal avant même que je ne l’ai écrit, comme si…

« N’y pense même pas !» Quoi ? Voilà que le lutin me parlait ?

« Les voyageurs dans le temps, ça n’existe pas plus que les vampires ! ». Non mais de quoi il se mêlait celui-là !

Et les lutins alors, ça existe peut-être ?

Sveta m’a regardée intriguée :

Euh… et bien… j’avoue ne pas avoir étudié la question, mais… je peux me renseigner si ça… t’intéresse ?

La HONTE, en majuscule ! A ce moment précis, j’ai pensé à l’exil, sur un petit rocher au milieu des flots, en haut d’une tour battue par les vents salés, là où mes joues rougeoyantes pourraient indiquer à des milles à la ronde la direction aux navires en perdition. Et puis elle m’a souri, et sans même avoir besoin de me sucer le sang, mon phare s’est éteint.

Et si on allait visiter ta chambre ? Je suis sûr qu’il y a des tas de choses intéressantes que tu pourrais me montrer.

Oui, super idée, ma chambre, mon lit (mon meilleur ami après Mathilde), c’est tout ce qu’il me fallait pour oublier ce stupide plan et cette calamiteuse soirée. Je l’ai entrainée dans le dédale de couloirs menant à mes appartements (à vérifier si je n’aurais pas des ancêtres aristocrates moi aussi).

Enfin un lieu réconfortant, ici je me sentais en sécurité, loin des tourments du monde et des vicissitudes de la vie (désolée pour mes lecteurs dyslexiques). Je sautais sur ma couche comme une grenouille sur son nénuphar et pliais mes jambes en tailleur comme un bouddha sur son… nénuphar (Peut-être bouddha a-t-il était une grenouille lors d’une de ses nombreuses réincarnations ?).

Je balayais mon domaine du regard : mon placard à chaussettes, mes étagères à livres, mes chaussons à oreilles de lapin, et ma table de nuit (un tabouret en fait) sur laquelle était posé… (j’ai alors dégluti si bruyamment que je me suis demandée si moi aussi je n’avais pas été réincarnée en grenouille) … la boîte !

***

Mais qu’est ce qui m’a prise de mettre cette robe ? D’ailleurs, je ne me rappelle pas en avoir achetée depuis… Euh, ça par contre je me rappelle l’avoir déjà vécu quelque part non ? Je baisse ma tête, mais où sont mes jambes ? Elles ont disparue sous des kilomètres de tissu blanc, à dentelles ! Mathilde me donne un coup de coude. Non mais, ça va pas recommencer !

« Ça va être à toi, et ne t’occupe pas de ta robe, y’a les lutins pour ça ! »

Hein ? Je tourne la tête dans le sens des aiguilles d’une montre et j’aperçois une ribambelle de petits êtres qui semblent tout droit sortis d’un réfrigérateur (ils ont des moufles et des bonnets) tenant une traîne de robe de mariée, ma robe ! Je tire sur le tissu et j’en fais tomber trois comme des quilles.

« Lola, arrête de faire la nouille, la prêtresse te regarde ! »

Je repivote ma tête dans le sens des aiguilles d’une montre (je viendrais pas de faire un tour complet là ?) et mes yeux plongent dans ceux de… Sveta !

Elle porte une tunique noire piquetée d’étoiles qu’il me semble voir bouger (où est le nanoprojecteur, où est Jérémie ?), et sa voix d’abord inaudible se met à résonner sous les voûtes de la… crypte ?

« …Pour unir ces deux créatures, sous les regards malfaisants de cette assemblée…»

Je tourne la tête vers la droite (je dois avoir un cou élastique sinon c’est pas possible), et je l’aperçois… je rêve ?

« Jérémie, vous pouvez mordre la mariée ».

Quoi ? Qu’est-ce qu’elle dit ? Et sa bouche se déchire dans une atroce grimace révélant quatre canines démesurées qui viennent se planter dans mon cou (pas si élastique que ça finalement) et ma bouche se déchire dans un cri de terreur.

« Lola, Lolaaaa… ». Mes paupières se décollent et la lumière inonde mes globes oculaires pendant que la voix de la prêtresse… de la mère… de ma mère, résonne dans mes conduits auriculaires. Elle a son visage à quelques centimètres du mien, j’ai un mouvement de recul et je porte la main à mon cou. Pas de trace de morsure sous mes doigts.

Lola, tout va bien ?

A présent j’y vois tout à fait bien, je me redresse, et me jette dans ses bras (hum, sans commentaire).

***

Longtemps après que mon cri se soit fané, mon père a débarqué comme une fleur :

Eh bien, qu’est-il arrivé ici ? Aurais-je entendu crier ?

Ok, la prochaine fois que je suis en danger de mort, je penserais à l’avertir une heure à l’avance.

Ce n’est rien, juste un cauchemar, a dit ma mère.

Il m’a pris le poignet.

Pouls normal, pression sanguine idéal, tout va bien mon poussin.

Arghh, j’avais l’impression d’avoir reçu un coup de bec sur le crâne, le retour à la réalité est parfois difficile. Je lui demandais d’un ton martial :

Et c’était bien votre soirée ?

Idéale elle aussi, sergent poussin (là, je crois qu’il le faisait exprès), je n’ai rien compris mais j’ai adoré.

Ma mère a semblé hésiter entre un demi-sourire et une demi-grimace, mais avant que ses zygomatiques n’aient le temps de choisir leurs camps, j’effectuais un lâché de colombes :

Bah tu sais, moi non plus, des fois je ne comprends rien aux parents, mais je les adore quand même.

Moment de félicité familiale. Je méritais le prix Nobel de la Paix non ? Mais au fait, elle était où Sveta ?

C’est ma mère qui a soulagé ma curiosité la première :

Sveta vient de partir. Elle semblait ravie de sa soirée, elle a adoré discuter avec toi.

J’ai soupiré de soulagement.

Et elle a promis de se renseigner à propos des… lutins ? à ajouté mon père, tu sais de quoi elle parlait ?

J’ai soupiré de consternation (quelque soit la situation, il y a toujours un soupir qui convient), et puis j’ai écarté les bras tout en baillant, ce qui en signalisation internationale signifie : évacuation des lieux et extinction des feux.

Je crois que Lola aimerait bien continuer la nuit qu’elle avait commencée, a déclaré ma mère, et la chambre a été évacuée, et les feux se sont éteints.

***

« Bzz, bzz… »

Hein ? Quoi encore ! Je soulevais péniblement mes paupières. Ce satané téléphone, j’avais oublié de l’éteindre. Je lançais ma main en éclaireur jusqu’à mon tabouret de nuit, tout en me disant que dans un conte, c’est le baisé d’un prince charmant qui m’aurait tiré de mon sommeil, et pas un SMS de Mathilde.

Ma main a docilement ramené le briseur de rêve devant mes yeux embués. Hé ! Finalement, c’était bien un prince charmant qui m’avait réveillé, le SMS était de Jérémie !

« Ça a marché ? »

Je poussais un soupir (encore un) de déception cette fois, il venait juste aux nouvelles, et pas me déclarer sa flamme nocturne.

« Eh bien, je crois qu’on peut dire que ça a totalement… échoué ! »

« Désolé je me suis trompée de caractère, je voulais dire : ça a marché ! »

Un doute m’a étreint l’estomac, j’ai tourné le téléphone vers le tabouret pour l’éclairer à la lueur de l’écran. Ouf, la boîte était toujours là, mon intestin s’est détendu (sans conséquence olfactive, je précise).

« Je ne sais pas ce qui a marché, mais en tout cas, Sveta est partie sans la boîte qui était bien en évidence dans ma chambre, donc j’avais tout faux depuis le début (enfin depuis une semaine, on ne va pas remonter jusqu’à ma première échographie) »

Et voilà comment « Wonder Lola, chasseuse de vampire » devient « Lola la Mytho, la fille avec un nano projecteur dans la tête ».

Plusieurs battements de cœur avaient résonné dans ma poitrine depuis le dernier SMS de Jérémie, de dépit je poussais un ultime soupir avec pour dernier souhait, celui d’aller me jeter du pont du même nom ! (Avec un élastique quand même).

Je commençais à me sentir seule et désespérée comme un pou qui vient de sauter sur le crâne d’un chauve lorsque : « Brrr, brrr », le téléphone s’est mis a vibrer d’une drôle de manière. Il m’a fallu quelques vibrations supplémentaires pour comprendre que Jérémie m’appelait !

J’ai senti mes joues s’embraser, pas question de lui répondre, et j’ai appuyé sur l’icône « rejeter l’appel ».

Allo, Lola ?

Super, c’était l’autre icône.

Oui, j’ai bien peur que ce soit moi !

Je ne voulais pas dire que ça n’a pas marché, au contraire, notre plan a fonctionné à merveille !

Là j’étais perdue, n’avait-il pas reçu mes sms ?

Ben… je voudrais pas te décevoir Jérémie, mais j’ai la boîte sous les yeux, alors je vois pas très bien ce qui n’a pas pu, ne pas marcher.

Quelques secondes se sont écoulées (le temps de démêler ma double négation je pense), et puis :

Tu n’es pas en train de courir dans la rue par hasard ?

Qu’est-ce qu’il racontait maintenant ? Est-ce que passé minuit toutes les conversations deviennent surréalistes comme celle-là ?

Euh ? Non ? Je n’ai pas pour habitude de me balader et encore moins de courir en pyjama et chaussons lapin dans la rue à cette heure-ci ! Enfin, je crois…

Alors, comment tu expliques que la boîte se déplace depuis plus de 30 minutes sur mon écran ?

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