Ce matin-là, le château fut réveillé aux cris de la reine.
Ma fille ! Ma fille a disparu !
Notre fille, dit le Roi en baillant, elle se cache surement pour échapper au bal, elle refuse tous les prétendants qu’on lui propose depuis des mois.
Il faut dire que la princesse avait un sale caractère et qu’aucun prince n’était jamais à son goût.
Majesté c’est horrible, votre fille a disparue ! dit le majordome en entrant tout essoufflé dans la chambre royale.
Oui, oui, nous savons, répondit le roi.
Mais non, vous ne savez pas ! Elle a été enlevée … par le sorcier Noir !
Quoi ? dit la reine qui commençait à pleurer, le sorcier Noir, celui qui vit dans le volcan ? Il va transformer notre fille en merguez ! Qu’attendez-vous pour aller la chercher ? cria-t-elle.
Euh… dit le Roi, tout de suite ? Sans même prendre mon royal petit déjeuner ?
Tout… de… suite ! hurla la reine.
C’est ainsi que notre roi se retrouva en train de chevaucher sa royale monture, encore vêtu de son royale pyjama !
***
Hue, mon vaillant destrier, en route vers la forêt enchantée, là où vit la fée, elle seule pourra m’aider à affronter le sorcier” dit le roi.
Un peu de magie ne sera pas de trop, pour transformer un roi baillant, en chevalier vaillant, répondis l’animal.
Quoi ? tu parles maintenant. Et tu fais des rimes en prime ! s’étonna le roi.
Sûrement sous l’effet de cette forêt enchantée ! dit le cheval, alors qu’ils arrivaient près d’une petite chaumière, au milieu d’une clairière.
Le roi avait à peine levé le poing pour frapper à la porte, qu’elle s’ouvrit, dévoilant une charmante jeune femme.
Euh… dit-il surpris.
Si c’est ainsi que vous dites bonjour au royaume, alors : Euh… également, répondit la fée, et elle ajouta : Je t’attendais, viens ! Je vais t’expliquer comment récupérer la princesse.
Mais je ne vous ai encore rien dit ! protesta le Roi, et c’est moi qui donne les ordres d’habitude.
Sans rien dire, la fée pris sa main, et y déposa un œuf.
Tu vois ce n’est pas compliqué.
Je vais libérer ma fille avec un œuf ? dit le Roi.
Ou faire une bonne omelette, répondit la fée, à toi de choisir.
Te moquerais-tu de moi ? bougonna le Roi.
Moi ? dit la fée en souriant : jamais !
***
C’est un œuf de dragon” expliqua la fée, sans se soucier de la mauvaise humeur du roi. Seul un dragon te permettra de franchir la porte de lave, qui mène au cœur du volcan, là où habite le sorcier Noir.
Ah, oui, bien, fit le roi, qui ne comprenait pas grand-chose.
Tu sais que la peau des dragons est insensible au feu ?
Oui oui, bien sûr, répondit le roi, comme s’il le savait, puis il ajouta: mais quand cet œuf va-t-il éclore ?
Quand tu l’auras suffisamment couvé ! dit la fée.
Voilà comment notre roi se retrouva assis sur un œuf de dragon, en train d’attendre son éclosion.
Mon roi en train de couver comme une poule ! s’exclama le cheval, vous voilà passé de la cour, à la basse-cour.
Je me passerai bien de tes mauvais jeux de mot ! marmonna le roi.
Heureusement pour lui, l’œuf ne tarda pas à se fendre, et un mignon petit dragon en sortie.
Pôpa ! dit le nouveau-né.
Quoi ? dit le roi, cette chose me prend pour son père ?
C’est parce que tu l’as couvé, murmura la fée, il en va ainsi chez les dragons.
Mais il est minuscule ! se plaignit le roi, comment sauver ma fille avec cet avorton.
Donne-lui ça ! ordonna la fée.
Et elle lui tendit un biberon qui contenait un étrange breuvage.
Au point où j’en suis.
Et le roi mis la tétine entre les petites babines et… en trois gorgées, le dragon pris … trois tonnes.
Ou t’es Pôpa ? dit le gros petit dragon.
Sous tes grosses fesses, répondit faiblement le Roi tout aplati.
Pardon Mon Pôpa, dit le dragon en se relevant.
***
Et qu’est-ce que je suis sensé faire avec cette… chose ? questionna le roi une fois remis.
Très simple, répondit la fée, tu vas franchir la porte de lave du volcan, bien à l’abris dans la gueule de ton dragon.
Mais c’est de la folie ! dit le roi affolé, il va m’avaler.
Jamais je ne te mangerais mon petit Pôpa, assura le dragon.
Tu vois, dit la fée, tu ne risques rien, fait-moi confiance.
Alors le Roi résigné, grimpa dans la gueule grande ouverte du dragon, qui se referma délicatement.
Et voilà Mon Roi transformé en amuse-bouche ! soupira le cheval.
***
Il y eu le noir, il y eu du bruit, des secousses, de la chaleur, et la lumière réapparu.
Je suis vivant ! s’écria le Roi en sortant de son dragon. Vivant mais tout gluant !
On est dans le volcan mon Pôpa, dit le grand petit dragon.
Attends-moi ici ! ordonna le roi, je vais de ce pas récupérer ta sœur, euh… ma fille, et il s’engouffra dans un long tunnel.
Peu de temps après, il déboucha dans une immense grotte, et aperçu au loin ce qui ressemblait à un trône, et sur ce trône un homme tout de noir vêtu, tenant la main d’une jeune fille.
Sorcier Noir ! cria le Roi, rend moi ma fille ou bien…
Ou bien quoi au juste ? Le roi s’aperçut qu’il n’avait pas d’arme, rien pour intimider le sorcier, et cette satanée fée qui ne lui avait même pas données une potion ou une amulette magique.
Approche-toi, ne crains rien, lui dit alors sa fille “que je te présente mon fiancé.
Alors là, le Roi n’en crut pas ses oreilles.
Qu’est-ce que tu racontes ma princesse ? Le sorcier Noir t’a enlevé et jeté un sort, c’est ça ?
Non ! dit le sorcier, il n’y a pas de sorcellerie là dessous, que de l’amour.
Oui, dit la princesse, je l’ai rencontré lors d’une de mes nombreuses fugues dans la forêt enchantée, et nous sommes tombé amoureux au premier regard, il est tellement… ensorceleur…
Et elle est tellement… insupportable ! ajouta le sorcier.
***
Je n’y comprends rien ! dit la reine en sanglotant, lorsque le roi fut revenu seul au château. Vous voulez dire que notre fille préfère vivre avec ce « sorcier noir » plutôt qu’avec nous ? Et que ce … dragon, vous prend pour son père ?
J’en ai bien peur, dut avouer le Roi. Et la reine pleura de plus belle.
Mais sa peine fut de courte durée, car une semaine plus tard, sa princesse adorée venait lui présenter son 1er enfant.
Un enfant en une semaine ! dit la reine, mais c’est de la sorcellerie !
Et comment s’appelle cet enfant ? demanda le roi.
Inferno ! dit la princesse toute fière.
Avec un prénom pareil, je m’attends au pire, soupira le Roi.
Et il avait bien raison, mais ça, c’est une autre histoire.