C’était le printemps à la ferme, et comme tous les printemps, les poules organisaient le concourt du poulailler le plus joliment fleuris.
Et comme tous les printemps, poule rousse ne gagnerait surement pas, car elle n’aimait pas arroser les fleurs !
Mais ce matin-là, à peine réveillées, les poules découvrirent stupéfaites, que devant le poulailler de poule rousse, avaient poussé une multitude de fleurs, plus belles et colorés les unes que les autres.
Comment poule rousse, qui n’aimait pas arroser les fleurs, avait-elle fait, pour obtenir un pareil résultat, en une nuit seulement ? Mystère. Mais ses fleurs étaient tellement belles, qu’elles décidèrent de lui attribuer le prix du poulailler le plus joliment fleuris.
***
La fin du printemps approché, et peu à peu tous les jolis poulaillers voyait leur fleur se faner.
Tous ? Non ! Car les fleurs de poule rousse étaient toujours pimpantes, et n’avait pas perdu le moindre pétale.
Les autres poules étaient intriguées.
C’est bizarre dit l’une d’elle un matin, alors que Poule rousse était partie à la mare, je n’ai jamais vu de fleur si résistante ?
Si j’allais voir ça de plus près, dit une poule plus curieuse que les autres.
Et elle s’avança pour cueillir une des plus jolies fleurs. Elle tira sur la tige, mais rien ne vint. Elle tira encore, la tige ne plia même pas !
Mais ! S’écria-t-elle, cette tige est en bois ! Cette fleur est en bois ! Toutes les fleurs sont en bois !
Oh ! Clamèrent les gallinacés, elle a triché !
Rien ne précise dans le règlement du concourt, que les fleurs doivent être en fleurs, dit alors la plus âgées des poules, mais poule rousse mérite une bonne leçon, voilà ce que nous allons faire …
Et toutes se regroupèrent autour de leur amie, pour écouter son plan.
A la fin de la matinée, poule rousse revint de la mare. Elle rentra dans son poulailler, et alla s’installer sur son nid, qui contenait les 2 œufs qu’elle avait pondu la veille.
Aille ! fit-elle, Qu’arrive-t-il à mes œufs, ils sont durs, et froid !
Elle se releva et constata, hébétée, que ces œufs étaient en bois. Elle sortit alors en courant de son poulailler, et fut accueillie par ses voisines, qui riaient aux éclats, du bon tour qu’elle venait de lui jouait.
Ne t’en fait pas ! dit la plus vielle, tes œufs sont à l’abri chez moi, nous t’avons fait une blague.
Très drôle ! dit poule rousse. Je l’ai surement un peu mérité, ajouta-t-elle, un peu vexé.
Tout là-haut, sur la colline, un renard qui faisait sa sieste, fut réveillé par les éclats de rire qui montaient de la basse-cour. « Oh, Oh, voilà de bien jolies poulettes, qui semblent faire la fête », dit-il en se léchant les babines.
Il se leva, puis descendit sans faire de bruit vers le poulailler, en se cachant dans les hautes herbes. Arrivé près de la barrière de la ferme, il prit son élan, et bondi en plein milieu du joyeux attroupement.
Au secours ! Crièrent les poules affolées, il y a un renard dans la basse-cour ! Il va nous manger ! sauve qui peut !
Et toutes se mirent à courir dans tous les sens, se cognant les unes aux autres en essayant de se mettre à l’abri.
Toute ? Non ! Poule rousse restait là, sans bouger, au milieu de l’agitation de ses congénères.
Intrigué le renard lui demanda d’un ton malveillant :
Et toi, tu n’as pas peur ?
Pas, du, tout ! répondit-elle, et d’ailleurs, avant de me manger, je te propose de gouter mes œufs !
« Cette poule a surement perdu la boule », pensa le renard.
Voilà qui me fera un bon amuse-gueule, lui dit-il, et il saisit les œufs que lui tendait poule rousse, pour les croquer goulument.
AIE, AIE, OUILLE, MES DENTS ! Le renard poussa des cris de douleurs !
Toutes ses belles dents venaient de se briser. Les poules n’en croyaient pas leurs yeux, le renard était devenu aussi inoffensif qu’un poussin. Et, elles se mirent à danser, chanter et rire autour de lui.
Le renard accablé par la douleur et les moqueries, détala vers la colline, et plongea dans son terrier. Autant dire qu’on ne le revît pas de sitôt.
Dans la basse-cour, tout le monde félicita poule rousse pour son courage, et la vielle poule décida de lui attribuer le prix de l’animal le plus malin de la ferme.