Un jour, un étrange oiseau vint pondre sur le plus haut des arbres de la savane 3 œufs dorés.
Un Lion, qui se prenait pour le roi, ordonna alors aux animaux :
Qu’on me ramène ces œufs sur le champ, ou l’un de vous finira sous mes dents.
Tous les animaux affolés, se mirent alors à sauter, bondir, voler … mais aucun ne put atteindre le nid si haut perché.
Si vous n’y arrivez pas, c’est moi qui grimperais ! dit fièrement le lion
Et comment comptes-tu t’y prendre ? Roi fainéant, interrogea une autruche.
Et bien… en vous grimpant dessus ! dit le lion.
Et il rugit pour rassembler tout ce que la savane comptait de gros derrière et de long cou.
Toi le gros, viens par ici ! commanda le lion
Gros ? Où ça un gros, dit l’éléphant.
Je crois qu’il parle de toi, chuchota l’hippopotame.
Oui toi avec les grandes oreilles ! S’exclama le lion
Là il n’y a vraiment plus de doute, dit l’hippo.
Et toi gros nez, vient aussi ! continua le lion
Euh… dit l’éléphant à l’hippopotame, je crois que cette fois ci c’est de toi qu’il s’agit.
Et la perchée toute tachée, mets-toi là ! ordonna le roi
Je ne suis pas taché, s’offusqua la girafe, fâchée, je suis ta che tée ,
Oui bon … dépêche-toi ou tu vas finir au fond de mon gosier.
Et la curieuse construction commença à s’élever, s’élever…
J’ai mal au dos, se plaignit l’hippo qui portait tout le monde
J’ai la trompe qui me démange, bougonna l’éléphant, qui avait la tête dans les plumes d’une autruche
Et moi j’ai les guiboles qui flageolent, avertit la girafe.
Mais le lion n’en avait que faire, il grimpa cette étrange tour de patte, de poil et de plume, griffant le dos de l’hippopotame : « Aie », écrasant le bec de l’autruche : « ouille », se hissant sur la tête d’un singe : «eh, ça fait mal ! », et finit par arriver tout en haut.
Il manque encore 10 centimètres, plus haut, plus haut ! hurla le lion, remuez-vous bandes de mollasson !
Et tout le monde se remua, y compris l’autruche dont les plumes chatouillaient de plus en plus la trompe de l’éléphant. Et que croyez-vous qu’il arriva ? L’éléphant éternua. Et tout l’édifice s’effondra dans un fracas de patte de poil, et de plume.
Le lion était furieux, d’abord parce que sa crinière était toute décoiffée, et ensuite par qu’il n’avait pas pu attraper les œufs.
Il saisit alors un porc épique, qui se hérissa de peur. « C’est mon tour » pensa t’il « il va me dévorer et se curer les dents avec mes piques ».
Parfait pour se recoiffer, ricana le roi, qui le relâcha après avoir remis sa toison en ordre. Et que l’on fasse venir le marabout ! cria-t-il.
Je suis déjà là, majesté, susurra l’oiseau dans son cou.
Oui bon … dit le roi en sursautant, je veux ces œufs d’or, tu ne pourrais pas avec ta magie, je ne sais pas moi …
Vous agrandir les pattes arrière par exemple ? proposa l’oiseau.
Oui c’est ça ! dit le roi, agrandis-moi !
Attention cependant, dit le grand échassier, à vouloir aller trop haut, on finit le nez plus bas que terre.
Hein ? C’est quoi ce charabia ? dit le roi.
Sans répondre Le marabout claqua du bec, 3 fois.
Mes pattes ! dit le roi, je les sens pousser ! Je monte, je monte…
C’est de la sorcellerie ! dit la girafe, le voilà plus grand que moi !
Et le roi continuait de grandir, grandir. Tous les animaux levaient la tête.
S’il ne pouvait jamais redescendre, marmonna le porc épique.
Mes œufs ! cria le lion, en tendant les bras, je peux presque les toucher !
Mais il ne les toucha pas, car au moment de s’en saisir, il était encore en train de grandir. Et désemparé, il les dépassa sans pouvoir s’en emparer !
Que se passe-t-il ! hurla le roi. Marabout fait quelque chose, je ne sais pas moi…
Vous agrandir les bras peut-être, majesté ?
Oui c’est ça, agrandit moi les bras.
Attention à vous ! dit le vieux Marabout. Être grands et méchant, ne donne pas tous les droits pour autant.
Cesse donc avec tes rimes, oiseau de mauvais augure ! cria le roi.
Sans répondre le marabout claqua du bec, 3 fois.
Mes bras ! dit le roi. Je les sens pousser, ils descendent, descendent…
Ça alors ! s’étonna le singe. Le voilà avec des bras plus longs que moi.
Et ses bras continuaient de grandir, grandir…
Si seulement il pouvait se les emmêler, marmonna le porc épique, et ne jamais plus s’en servir.
Cette fois ci, ils sont à moi ! grogna le roi, alors que ses doigts pouvaient presque toucher les œufs.
Mais il ne les toucha pas, car ces bras ne cessaient de grandir. Jusqu’à finir par toucher le sol.
Maudit volatile ! hurla le roi
Que voulez-vous que je fasse mon félin souverain ? Vous faire rétrécir peut-être ? proposa le Marabout.
Oui c’est ça ! dit le lion. Rétrécis-moi, que je vienne un peu m’occuper de toi vieux déplumé
A trop vouloir on finit par tout perdre, murmura l’oiseau
Qu’est-ce que tu baragouine ? fulmina le roi.
Le marabout claqua du bec, 3 fois.
Et le roi se mit à rétrécir, rétrécir…
Enfin, je redescends, il va voir cet échassier de malheur, ce que je fais des oiseaux moqueurs : un bon ragoût de marabout !
Le lion s’en léchait déjà les babines.
Eh, le Marabout ! dit le Lion quand-il eut fini de rétrécir, où te caches tu ? Tu trembles devant mes crocs ?
Non, dis le marabout, je suis là… haut.
Le roi leva la tête, et vis l’immense bec d’un immense marabout, debout sur ses immenses pattes.
Interdit d’utiliser la magie pour soi-même ! cria le Lion. Ce n’est pas du jeu ça !
Le marabout n’a pas grandi, dit un immense porc épique.
C’est toi qui es minuscule, ajouta une immense girafe.
Alors, un oiseau aux plumes dorées vint se poser près du petit roi, l’enserra délicatement, et s’envola.
Aidez-moi ! supplia le roi.
Ne vous inquiétez pas, dit le Marabout, il croit que vous êtes un de ses oisillons tombé du nid.
Et l’oiseau monta vers le sommet du plus haut des arbres de la savane, et y déposa le petit lion.
Vous voilà satisfait ! cria le Marabout, vos œufs d’or, vous les avez !
Avant qu’il n’ait pu répondre, les coquilles se mirent à bouger, puis se fendirent, et 3 oisillons aux reflets dorés en sortirent. L’oiseau tendit son bec et glissa dans le gosier de chacun, un ver de terre.
Nooonnnnn, sanglota le lion, c’est vraiment trop dégoûtant.
C’est seulement, pour un mois, ou deux, ou trois…, le temps que cesse le sort, profitez-en pour penser à vos torts ! cria le marabout.
Autant dire que les mois qui suivirent, les animaux, débarrassaient de leur roi de pacotille, en profitèrent pour faire la fête, pendant que le Lion du haut de son perchoir, se lamentait du matin, jusqu’au soir.