La vache qui n’aimait pas les trains (3 min 13 s)

Dans un près, non loin d’une voie ferrer un troupeau de vache venait paitre toute la journée.

Chaque fois qu’un train arrivait, toutes les vaches se précipitaient vers la clôture pour le voir passer, et s’extasiaient sur sa vitesse, le bruit qu’il faisait, la poussière qu’il soulevait.

Toutes ? Non ! A chaque passage on pouvait voir une vache, le dos tourné au bolide d’acier.

C’était une vache qui n’aimait pas les trains.

« Comment peut-on aimer un engin qui empêche d’entendre le gazouillis des oiseaux, disait-elle, qui arrache les fleurs sur son passage, et qui salie nos belles robes blanche et noire ? Décidément vous êtes des vaches de peu de gout ! » lançait-elle à ses congénères, qui se pâmaient devant le monstre roulant.

Un jour, la vache décida que s’en était assez. Elle prit son élan, couru vers la clôture aussi vite qu’elle put, et bondis par-dessus. Elle atterrie de l’autre côté, non loin de la voie ferrer, sous le regard ahuri de ses amies. Alors, elle se mit droit entre les rails, les cornes pointées vers l’horizon d’où surgirait bientôt le prochain train.

Que fait tu dirent-elles ? Es-tu devenu folle, si le train arrive, il va te couper en deux !

Qu’il arrive répondit la vache, je l’attends, il va voir de quel bois je me chauffe.

Le troupeau commençait à s’affoler :

Il faut avertir le fermier ! cria une vache.

Et toutes se précipitèrent en direction de la ferme, espérant arriver avant que leur amie têtue ne finisse écrabouillée.

Toute en courant, elles virent apparaitre au loin, un nuage de fumé. Et peu de temps après, un bruit assourdissant emplis l’espace :

Le train arrive ! hurlèrent-elles.

Il est trop tard !

Et elles fermèrent les yeux pour ne pas voir l’horrible spectacle. Un bruit strident se fit alors entendre, et un immense voile de poussière sembla tombé du ciel puis…, plus rien.

Les vaches, les unes après les autres, ré-ouvrirent les yeux ; elles virent d’abord le train arrêter près de la clôture, et devant le train une paire de cornes, et au bout de ces cornes, leur amie récalcitrante. Elles n’en crurent pas leurs yeux.

Elle a arrêté le train ? murmura une vache.

Je crois plutôt que c’est le train qui s’est arrêté, répondis sa voisine.

Tu as eu de la chance, lança une troisième vache !

Quand on veut on peut ! Dit la vache qui n’aimait pas les trains.

***

D’abord, le conducteur descendit de sa motrice. Il n’était pas content.

Quoi ! Dit-il une vache qui m’oblige à arrêter mon train, as-tu perdu la tête, bête à corne ? Tu vas goutter de ma botte, et retourner bien vite dans ton champ !

Des passagers, agacés par le retard que prenait leur voyage, descendirent eux aussi des wagons. Ils n’avaient pas que ça à faire, attendre le bon vouloir d’une vache pour aller travailler ou pour rentrer chez eux.

Non loin d’ici, le fermier, alerté par tous ce raffut, compris qu’une de ses vaches était dans le pétrin. Il prit alors un panier, qu’il remplit des produits de sa ferme, et se précipita vers l’attroupement.

Mesdames, messieurs, dit-il en arrivant un peu essoufflé, gardons notre calme. Ma vache est un peu bornée, mais elle n’est pas méchante. Pour m’excuser des désagréments qu’elle vous a causé, gouter donc les fromages les jus de fruits et le bon pain de ma ferme.

Les Voyageurs et le conducteur du train acceptèrent de bon gré, la proposition du fermier, et trouvèrent tout à fait délicieux les mets qu’il leur avait apportés. Certains se dirent même, qu’après tout, ils étaient mieux ici, assis au bord de la vois ferrer à écouter le doux gazouillis des oiseaux, et à respirer le bon aire de la campagne.

Ils ne virent pas le temps passer, et c’est seulement une heure plus tard, après avoir fini tous les fromages et avoir bus tous les jus de fruits, que le train reprit sa marche.

Le fermier, qui était malin, se dit qu’il y avait là un bon moyen d’écouler ses produits, et il construisit non loin de la voie, un abri, ou depuis, chaque jour, le train fait une halte, et dépose des voyageurs, heureux de faire une pause gourmande, avant de rejoindre leur travail, ou leur domicile.

Et notre vache ? Et bien elle aime désormais les trains, car au lieu de filer à toute vitesse, ils arrivent lentement, pour s’arrêter devant l’étale de formage et de jus de fruit, d’où ils repartent, sans faire de bruit, pour ne pas réveiller les voyageurs repus.

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